Mal au dos? Vous n’avez probablement pas besoin d’une imagerie!
25 novembre 2025
À propos de l’auteur :
Cet article a été composé par Aymeric Averlant, physiothérapeute gradué en 2023 et détenteur d’un baccalauréat en Sciences Biomédicales.
Radiographie vs TDM vs IRM
- Radiographie
La radiographie est une technique d’imagerie médicale qui met en évidence les structures internes d’une région cible à l’aide de rayons X. Grâce à de petites doses de radiation, elle permet de produire une image bidimensionnelle des organes et des structures internes.
- TDM (ou TACO ou scan)
La TDM (tomodensitométrie) utilise également les rayons X, mais permet de produire des images en coupes minces. Le résultat tridimensionnel offre une analyse plus détaillée des structures examinées.
- IRM
L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), contrairement aux deux techniques précédentes, fonctionne grâce à un champ magnétique puissant. Elle permet de visualiser avec grande précision les organes et surtout les tissus mous. Les appareils d’IRM sont plus rares et les examens, plus coûteux.
Doit-on systématiquement passer un examen d’imagerie pour comprendre une douleur musculosquelettique?
La réponse simple : non.
Tout dépend du contexte. Il existe des algorithmes cliniques reconnus (C-Spine Rule, Règles d’Ottawa, Règles de l’ACR, etc.) permettant de déterminer si une imagerie est nécessaire à la suite d’un traumatisme ou d’une blessure.
Dans la majorité des douleurs et blessures musculosquelettiques courantes, l’imagerie n’est pas nécessaire et peut même être déconseillée (voir ci-dessous). L’examen clinique du.de la physiothérapeute suffit généralement à établir un diagnostic fonctionnel et un plan de traitement approprié.
Souvent, l’imagerie n’apporte aucune valeur ajoutée et ne modifie pas la prise en charge.
Rappelons que la douleur est un phénomène complexe — visible nulle part en imagerie standard. C’est une expérience personnelle, influencée par de nombreux facteurs, et elle n’est pas toujours corrélée à l’état des structures observées.
(Notre article complet sur la douleur ici : Douleur)
Pourquoi l’imagerie est parfois même déconseillée?
- 1. Exposition inutile aux radiations
Bien qu’elles soient sécuritaires, les techniques utilisant les rayons X exposent tout de même à une dose de radiation, à éviter si non nécessaire.
- 2. Les trouvailles fortuites — perte de temps
Le corps change avec l’âge : arthrose, hernies, fissures, calcifications…
Ces observations sont fréquentes et normales, même chez des gens sans douleur. Elles n’expliquent pas toujours les symptômes et peuvent parfois orienter vers une mauvaise conclusion.
Une revue systématique de 2015 a démontré qu’un très grand nombre de personnes asymptomatiques présentent des signes de dégénérescence de la colonne vertébrale.
(Brinjikji et al., 2015)
- 3. Les trouvailles fortuites — impact psychologique
Apprendre qu’on a “plein d’arthrose” ou “un dos fini” peut générer du stress inutile et des croyances limitantes, même si ces observations sont banales et sans lien avec les douleurs ressenties.
Qu’en dit l’INESSS?
En 2025, l’Institut National d’Excellence en Santé et en Services Sociaux (INESSS) a mis à jour son algorithme de prise en charge de la lombalgie. Ce type d’algorithme sert de guide en pratique clinique.
Selon l’INESSS (2025), en l’absence de drapeaux rouges — signes suggérant une maladie grave — l’imagerie médicale n’est pas recommandée.
- “La plupart des patients qui souffrent d’une lombalgie aigüe voient leur état s’améliorer et n’ont pas besoin d’examens d’imagerie.
- Il y a une faible corrélation entre les résultats de l’imagerie et les symptômes cliniques.
- Les examens d’imagerie non recommandés peuvent donner de faux résultats positifs et entraîner des examens supplémentaires et même des interventions possiblement inutiles.
- Les changements dégénératifs observés sur l’imagerie lombaire sont généralement considérés comme non spécifiques, car ils sont peu corrélés aux symptômes.
- La nécessité d’une imagerie doit être réévaluée pour les patients dont les symptômes changent, s’aggravent ou demeurent invalidants malgré un traitement conservateur optimal.” (INESSS, 2025)
Conclusion
L’imagerie est un outil précieux… lorsqu’elle est utilisée au bon moment. Dans la majorité des douleurs musculosquelettiques, elle n’est ni nécessaire ni utile pour comprendre la source du problème, et peut même compliquer la situation en ajoutant du stress, des interprétations erronées ou des informations non pertinentes. L’évaluation clinique réalisée par un.e physiothérapeute demeure l’approche la plus efficace pour poser un diagnostic fonctionnel, orienter le traitement et accompagner la guérison. En cas de doute ou de signes plus sérieux, des examens complémentaires pourront bien sûr être recommandés. En somme, faire confiance au processus clinique, c’est éviter des examens inutiles… et avancer plus rapidement vers un soulagement durable.
Références
Brinjikji, W., Luetmer, P. H., Comstock, B., Bresnahan, B. W., Chen, L. E., Deyo, R. A., Halabi, S., Turner, J. A., Avins, A. L., James, K., Wald, J. T., Kallmes, D. F., & Jarvik, J. G. (2015). Systematic literature review of imaging features of spinal degeneration in asymptomatic populations. AJNR. American journal of neuroradiology, 36(4), 811–816. https://doi.org/10.3174/ajnr.A4173
INESSS – Douleur chronique – Algorithmes d’évaluation, de prise en charge et de suivi. (s. d.). INESSS – Douleur Chronique – Algorithmes D’évaluation, de Prise En Charge et de Suivi. https://inesss.algorithmes-douleur-chronique.info/fr/algorithme-d-evaluation-de-prise-en-charge-et-de-suivi-d-une-lombalgie
À propos de l’auteur :
Cet article a été composé par Aymeric Averlant, physiothérapeute gradué en 2023 et détenteur d’un baccalauréat en Sciences Biomédicales.
Nouvelles Nomade
En savoir plusMal au dos? Vous n’avez probablement pas besoin d’une imagerie!
- Pour en savoir plus
25
Nov.
2025
Comment gérer une blessure aiguë? 🤕
- Pour en savoir plus
29
Sep.
2025
🏋️ QSM à la rescousse! 🚴♂️
- Pour en savoir plus
29
Août.
2025