Chutes, troubles de l’équilibre et de l’autonomie
Descriptif
- Vous êtes déjà tombé au sol?
- Vous avez plus de difficulté à vous lever d’une chaise, à vous déplacer ou vous semblez être moins stable sur vos jambes ?
- Ou encore, vous êtes inquiet pour un proche qui commence à avoir ces difficultés physiques et vous avez peur pour sa sécurité?
Il est fort probable que vous ou votre proche souffriez d’une perte d’autonomie et/ou d’un trouble de l’équilibre. Lisez l’article qui suit pour en connaître davantage sur ce problème!
Chutes, troubles de l'équilibre et de l'autonomie
À propos de l’auteur :
Cet article a été composé par Gabriel Flamand, physiothérapeute. Il pratique depuis 2017, plus spécifiquement avec la clientèle gériatrique depuis 2020 et concentre aujourd’hui près de la moitié de sa clientèle dans ce créneau.
Les troubles de l’équilibre et les chutes chez les personnes âgées sont un enjeu de taille au Québec. Trop souvent, ce problème est banalisé et non traité, ce qui engendre des blessures graves. Il est donc primordial de savoir reconnaître les premiers signes et d’intervenir dès que possible.
Symptômes
Voici une liste de symptômes qui peuvent indiquer que vous ou votre proche présente un trouble significatif au niveau de son équilibre et/ou de son autonomie :
- Sensation d’avoir les jambes faibles
- Sensation d’être chancelant à la marche
- Difficulté à rester debout sans appui
- Besoin de se tenir sur les meubles ou sur les murs
- S’accrocher souvent les pieds
- Lenteur à la marche et au redressement à partir de la position assise
- Pertes d’équilibre ou chutes sans raison apparente
Causes
Les troubles de l’équilibre sont multifactoriels et peuvent donc être causés par une combinaison de plusieurs éléments, dont ceux-ci :
- Déconditionnement physique
Une hospitalisation, un virus, un déménagement, ou simplement un mode de vie trop sédentaire peut rapidement entraîner une diminution de l’équilibre chez la personne âgée par un déconditionnement de ses capacités motrices.
- Effets secondaires de certains médicaments
Ces classes de médicaments sont connus pour augmenter le risque de chute : anticonvulsivants, antidépresseurs, antihypertenseurs, antipsychotiques, antispasmodiques, benzodiazépines, opioïdes, sédatifs hypnotiques.
- Troubles de la vision
Une acuité visuelle diminuée peut empêcher la personne âgée de bien voir les obstacles dans son environnement ou mal évaluer les distances, ce qui peut la faire trébucher.
- Hypotension orthostatique
Ce phénomène de baisse de pression artérielle lors des changements de position peut favoriser une perte d’équilibre.
- Vertiges ou étourdissements
Des symptômes de vertiges ou d’étourdissements, fréquents chez la personne âgée, peuvent occasionner une perte d’équilibre s’ils ne sont pas traités adéquatement. Lisez notre article sur le sujet en cliquant ici. (à venir)
- Maladies neurologiques
Certaines maladies ou troubles neurologiques, comme les troubles parkinsoniens et la sclérose en plaques, peuvent occasionner des troubles d’équilibre et nécessiter une prise en charge médicale.
Également, plusieurs autres facteurs peuvent contribuer à augmenter le risque de chute :
- Peur de chuter et antécédents de chute
- Comportement téméraire
- Environnement à risque
Conséquences
Lorsqu’un trouble de l’équilibre et de l’autonomie prend de l’ampleur, les conséquences les plus fréquentes concernent les chutes au sol. Celles-ci peuvent, à leur tour, engendrer des blessures importantes, dont les fractures de hanche, commotions cérébrales et même des décès.
Un rapport récent de l’INSPQ détaille des statistiques inquiétantes sur le sujet (https://www.inspq.qc.ca/securite-prevention-de-la-violence-et-des-traumatismes/prevention-des-traumatismes-non-intentionnels/dossiers/chutes-chez-les-aines) :
Les chutes sont responsables de 21 644 décès survenus au Québec entre 2000 et 2019, ce qui correspond en moyenne à 1 082 décès par année. Les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 91,9 % de ces décès1. On attribue également aux chutes 214 330 hospitalisations pour les années 2011-2012 à 2020-2021, soit une moyenne de 21 433 hospitalisations par année. Les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 71,2 % de l’ensemble de ces hospitalisations2. Si elles surviennent à tout âge dans des circonstances différentes, les chutes entrainent des conséquences plus graves chez les personnes de 65 ans et plus que chez les jeunes et les adultes de moins de 65 ans. Au Québec, un million de personnes aînées de 65 ans et plus vivent à domicile et le tiers fera une chute au cours de l’année3
Un autre rapport, datant de 2004 pour sa part, soulève d’autres statistiques pour le moins préoccupantes sur l’impact des fractures de hanche :
La conséquence la plus fréquente et invalidante demeure la fracture de hanche. Chez les aînés qui survivent à une fracture de la hanche, 50% ne retrouvent jamais complètement leurs capacités fonctionnelles; entre 13 et 20 % sont institutionnalisés, et 20% d’entre eux meurent en moins de six mois. Aussi, même sans fracture, la chute constitue un importante prédicteur de l’hébergement institutionnel4.
Il est ainsi d’une importance capitale d’adresser une problématique de trouble d’équilibre avant qu’elle n’entraîne une conséquence irréversible.
Traitement
Pour adresser les troubles de l’équilibre, une prise en charge en physiothérapie est fortement recommandée. Premièrement, un physiothérapeute effectuera une évaluation précise de l’ensemble des composantes régissant l’équilibre (mobilité, force et endurance des jambes, équilibre debout statique et dynamique), en plus de noter tout facteur de risque de chute (troubles de vision, chaussures inadaptées, environnement à risque, etc.).
Puis, selon les déficiences et facteurs de risque de la personne, un plan d’intervention sera proposé, comprenant certains conseils et exercices spécifiques à réaliser à tous les jours.
Des suivis périodiques étendus sur quelques semaines permettront d’évaluer les progrès, de progresser la difficulté des exercices et de maintenir la personne motivée. Cette démarche individualisée et spécifique permet d’assurer des progrès, en autant que la personne y mette du sien!
Rédigé par Gabriel Flamand, physiothérapeute exerçant avec la clientèle gériatrique
1. Bureau d’information et d’études en santé des populations (2022). Données statistiques sur les décès attribuables à une chute (2000-2019). Données produites à la suite d’une demande spéciale. Fichier des décès. Institut national de santé publique du Québec.
2. Bureau d’information et d’études en santé des populations (2022). Données statistiques sur les hospitalisations attribuables à une chute (2011-2012 à 2020-2021). Données produites à la suite d’une demande spéciale. Fichier des hospitalisations Med-Écho. Institut national de santé publique du Québec.
3. Bisizi, M-S. (2012). Portfolio thématique : Chutes chez les aînés. Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, Direction de santé publique, Surveillance de l’état de santé de la population.
4. Direction générale de la santé publique du Québec (2004). La prévention des chutes dans un continuum de services pour les aînés vivant à domicile – Cadre de référence. Consulté le 5 juin 2023 au https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/49372